L’histoire du Val d’Ajol
Une vaste commune
Le Val-d’Ajol se classe parmi les communes les plus étendues de France. C’est la plus grande commune du département. Depuis peu, elle est devenue le chef-lieu d’un nouveau canton associant Xertigny, Bains-les-Bains et Plombières-les-Bains.
Le Val-d’Ajol se classe parmi les communes les plus étendues de France. C’est la plus grande commune du département. Depuis peu, elle est devenue le chef-lieu d’un nouveau canton associant Xertigny, Bains-les-Bains et Plombières-les-Bains.
Comme nombre de communes rurales ou de montagne, sa population tend à diminuer depuis la seconde guerre mondiale, passant de 7.500 à 4.000 habitants. Cependant, la population de ses écarts est en progression avec l’apparition de nouveaux quartiers résidentiels. Aujourd’hui grâce à la voie rapide, ces nouveaux résidants ne sont plus qu’à vingt minutes d’Épinal et 10 minutes à peine de Remiremont.
On se plait a raconter que les premiers habitants seraient arrivés d’Espagne sous le règne de Charlemagne. Mais ce n’est qu’une fable qui date d’une époque révolue. Des découvertes archéologiques récentes faites aux environs immédiats laissent à penser que les hauteurs les mieux exposées et les plus fertiles furent exploités bien avant les celtes et de fait bien avant Charlemagne. D’ailleurs, durant l’époque gallo-romaine, une importante voie commerciale reliant Besançon à Metz traversait son territoire sur toute sa longueur.
Le Girmont Val d’Ajol
En 1832, sur décision de la préfecture, la commune du Val-d’Ajol se vit proposer d’élargir son territoire en amont de la vallée jusqu’à la ligne de partage des eaux séparant les bassins de la Mer du Nord et de la Méditerranée. La grande commune prenait ainsi dans son giron sa petite sœur établie autour de l’ancien prieuré d’Hérival. Elle peinait à survivre faute de revenus suffisants.
Quelques décennies plus tard, à une époque où les pratiques religieuses rythmaient la vie des campagnes, une population rurale vivant les écarts les plus éloignés du centre de la paroisse demanda à disposer d’un lieu de culte plus accessible. Par décret du 16 décembre 1869 fut créée la petite commune du Girmont avec ses 640 habitants et par la même occasion une nouvelle paroisse.
La Communauté de Communes de la Porte des Vosges Méridionnales
À l’aube de ce 21e siècle, toujours pour des raisons de commodités c’est le phénomène inverse qui prévaut désormais, à savoir rassembler à tout va et non plus diviser. En 1996, le Val-d’Ajol, Plombières et le Girmont formèrent ainsi une des toutes premières communautés de communes du département.
Après une décision Ministérielle un nouveau regroupement est décidé. les Communautés de Communes doivent avoir un minimum de 15000 habitants.
La nouvelle communauté de communes est créée au 1er janvier 20171. Elle est formée par la fusion de la Communauté de Communes de la Porte des Hautes Vosges et de la Communauté de Communes des Vosges Méridionnales avec extension à la commune de Saint-Amé (issue de la Communauté de Communes Terre de Granite ).
Le Prieuré d’Hérival
Hérival qui abritait autrefois une congrégation religieuse très active a profondément marqué l’histoire du Val-d’Ajol et des environs durant 700 ans. De l’ancien prieuré confisqué au lendemain de la révolution puis bradé pour une bouchée de pain, il ne subsiste qu’une partie bien dérisoire qui fut convertie en ferme. L’essentiel de ce patrimoine religieux, surtout la partie la plus ancienne, succombait sous la pioche des démolisseurs. Beaucoup de matériaux furent réutilisés pour développer et moderniser la station thermale de Plombières au cours du premier Empire.
Une Eglise à Lâitre
La première église du Val-d’Ajol qui ressemblait davantage à une modeste chapelle se dressait sur l’unique monticule barrant la vallée au confluent de la Combeauté et du ruisseau de Méreille. Le lieu fut baptisé la Croix rapport à la croisée de deux grands chemins, l’un arrivant de la vallée du Breuchin pour se diriger sur Plombières, l’autre remontant la vallée depuis Fougerolles en direction de Remiremont. Comme pour le prieuré, cette première église entourée d’un cimetière fut démantelée à l’aube du 19e.
L’église actuelle bâtie au pied de la montagne date du 16e pour sa partie la plus ancienne. Des extensions successives furent réalisées jusqu’au 18e afin d’accueillir une population de fidèles allant croissant.
Elle renferme un magnifique retable du 18e inscrit à l’inventaire des monuments historiques.
Son porche très particulier résulte d’un renforcement de son clocher établi sur un sol instable et sans doute fortement ébranlé par le trop célèbre tremblement de terre de 1682.
La commune a beaucoup investi au cours de ces dernières décennies pour son entretien. Son excellente sonorité lui vaut d’être utilisée parfois comme salle de concert.
L’église était entourée du cimetière comme dans la plupart des villages ce qui n’était pas sans conséquences sur la salubrité des lieux et sur les nombreuses fontaines des alentours. Le déplacement de ce cimetière en 1840 fut comme un bol d’air. Deux belles places purent ainsi être aménagées pour les grandes foires agricoles et commerciales, et une plus petite pour le marché hebdomadaire.
Si depuis près de 300 ans, Le Val-d’Ajol (Vaudéjo en patois local) est rattaché à la Lorraine, ce ne fut pas toujours le cas vu sa position géographique. Sa population fut fortement imprégnée de la culture bourguignonne et franc-comtoise. Comme Fougerolles, sa sœur jumelle, Le Val-d’Ajol fut soumis à un régime administratif particulier, la surséance, s’appliquant sur une étroite zone franche commençant à Fougerolles pour s’étirer jusqu’aux abords du plateau de Langres. Les Chanoinesses de Remiremont qui étaient issues des familles les plus puissantes d’Europe entretenaient savamment des querelles de voisinage veillant à tenir à bonne distance leurs rivaux comtois. Ce ne fut qu’en 1704, que le Val-d’Ajol fut définitivement rattaché à la Lorraine sous le règne du duc Léopold.
Les beaux jours du textile
L’industrie se développa rapidement à partir de 1850 avec les filatures et tissages. La vallée connut même une certaine prospérité renforcée par la défaite militaire de 1871. Beaucoup d’industriels quittèrent en effet l’Alsace annexée pour s’installer dans les vallées vosgiennes. La Combeauté et ses affluents apportaient la force hydraulique nécessaire pour actionner les machines. Plus tard, le charbon extrait des mines de Haute-Saône alimentera les premières chaudières à vapeur.
C’est en 1882 que le Val-d’Ajol fur relié aux réseau ferroviaire de l’Est à la demande des industriels mais également pour des raisons stratégiques, dans l’éventualité d’un prochain conflit avec l’Allemagne.
Le bois : une richesse naturelle
Les forêts tant communales que privées couvrent près de 50 % de son territoire. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, la vente des bois a constitué l’essentiel des revenus de la commune. On parlait alors d’une commune riche. Les sapins du Val-d’Ajol sont toujours très prisés pour leur qualité même si les revenus forestiers sont passés au second plan. Deux scieries performantes fonctionnent toujours. Elles ont largement remplacé par les volumes traités annuellement les 8 ou 10 petites scieries qui fonctionnèrent dans le passé.
Une mine de fluor fut exploitée jusque dans les années 60 dans la vallée d’Hérival mais elle employait peu de main d’œuvre. Le chemin de la mine est encore régulièrement visité par des collectionneurs de pierres très avisés.
Les industries
Le travail du fer est devenu une tradition maintenant séculaire perpétuée par la famille De Buyer et la société Parisse, les deux plus anciennes industries du Val-d’Ajol.
Les casseroles et autres accessoires culinaires qui sortent des presses de l’usine De Buyer sont utilisés par les chefs les plus réputés de tous les continents. Parisse fut pour sa part un des pionniers de la chaudronnerie inox qu’il continue de fabriquer.
L’Epinette
Enfin au détour d’une manifestation commerciale ou festive, il est encore possible d’improviser une valse ou une polka au son de la petite épinette, un joli instrument à cinq cordes, de la famille des cithares, typique à la région. C’est principalement à la fin du 19e et au début du 20e que l’instrument fut fabriqué en façon régulière par de petits artisans ou parfois de modestes cultivateurs particulièrement adroits. La plupart des grands musées de France et même d’Europe disposent dans leurs collections de plusieurs instruments qui portent la griffe des petits luthiers du Val-d’Ajol.
La Gerbe d’Or
Le nom du Val-d’Ajol a souvent été associé à une marque de bière qui a connu un grand prestige jusqu’à la première guerre mondiale sous l’appellation « La Gerbe d’Or ». La brasserie a dû cesser la production du précieux breuvage en 1942 sur ordre de l’occupant allemand. Les objets qui portent la griffe de cette brasserie sont vivement recherchés des collectionneurs.
Les Fleurot
Un nom est très particulièrement répandu dans la contrée, celui des Fleurot. Il est d’ailleurs permis de penser que tous les Fleurot de France sont originaires de la vallée de Combeauté. L’arbre généalogique des Fleurot révèle une longue lignée de rebouteux, dont le dernier à exercer cette médecine s’est éteint à la fin du siècle dernier. En 1759, le duc de Bourgogne, fils du roi Louis XV, souffre d’une vilaine fracture à la cuisse qui met ses jours en péril. Les médecins de la Cour avouent leurs impuissants. Ils font alors appel à Jean Louis Fleurot qui descendit de son Girmont natal pour se rendre immédiatement au chevet de cet illustre personnage avec espoir de le sauver.
Les Feuillées
Au 19e, des lieux de distraction appelés « Feuillées » furent créés sur les hauteurs du Val-d’Ajol et furent régulièrement fréquentés chaque été par d’ illustres artistes ou autres célébrités en cure à Plombières-les-Bain. Les plus courageux de ces curistes fortunés se plaisaient à organiser des balades champêtres qui les conduisaient le temps d’une journée à l’ancien prieuré d’Hérival, à la cascade de Faymont ou du Géhard. De nombreux sites témoignent encore de ces années fastes : le chalet ou le chemin de l’Empereur, la Roche Joséphine, la Feuillée Magenta, la Pierre Rousseau, la Fontaine Pauline ou la Fontaine Guizot.
Napoléon III était un familier de ces balades bucoliques, comme Joséphine de Beauharnais, Sarah Newton, Cavour (incognito), Berlioz, le roi Stanislas, Théophile Gautier…